Un de nos lecteurs écrit...
Vous êtes de plus en plus nombreux à vous intéresser à notre blog. Il ne se passe plus de semaine sans que nous ayons de nouveaux contacts venant d'un peu partout dans le monde entier. En ce moment, c'est tous les jours. Le nombre de pages lues augmente sans cesse. Il s'agit ici du courrier d'un ancien lecteur, qui a eu de bonnes idées complémentaires en lisant notre commentaire sur la lettre aux amis et bienfaiteurs n° 80 de Mgr Fellay.
Quelques remarques complémentaires concernant la lettre aux
amis et bienfaiteurs n° 80 de Mgr Fellay.
Concernant l’article très intéressant « Que penser de la
lettre aux amis et bienfaiteurs N° 80 de Mgr Fellay ? », je me permets de faire
les remarques suivantes afin d’appuyer vos commentaires éclairants sur les
faiblesses et tromperies de cette lettre :
Tout d’abord concernant la « critique très modérée du pape
François » par Mgr Fellay, s’agit-il vraiment d’une critique ? En effet si l’on
relit la première homélie du pape François voici ce qu’il a dit :
« Cheminer, édifier, confesser. La première chose que Dieu
dit à Abraham : Marche en ma présence et sois parfait. Donc la vie est un
voyage et lorsqu’on s’arrête, plus rien ne va. Il ne faut pas cesser d’avancer
en la présence du Seigneur, dans la lumière du Seigneur, en essayant de vivre
avec la qualité irréprochable que Dieu demanda à Abraham. Édifier ! Pour
construire l’Église, il est question de pierres, mais de pierres qui ont une
consistance, de pierres vivantes, bénies par l’Esprit en vue de bâtir l’Église,
l’Épouse du Christ, dont la pierre angulaire est le Seigneur en personne. Le
troisième point est confesser. Nous pouvons marcher tant que nous le voulons,
construire un tas de choses, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, rien
ne va. Nous deviendrions une philanthropique ONG mais non l’Église, l’Épouse du
Seigneur. Si on ne bâtit pas sur la roche il arrive ce qu’il arrive aux enfants
sur la plage avec leurs châteaux de sable. Sans consistance, ils s’effondrent.
»
« Celui qui ne prie pas Dieu, prie pour le Diable, car qui
ne confesse pas le Christ confesse la mondanité du Diable... Marcher,
construire et confesser aujourd’hui n’est pas si facile, parce qu’il y a des
secousses, des mouvements de terrains et des tractions arrière.
Le passage de l’Évangile proposé dans la liturgie se poursuit
avec une situation particulière. Le même Pierre qui a confessé en Jésus le
Christ, réplique : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Je te suivrai, mais
pas sans parler de croix. Que cela voudrait-il dire sans la croix ? Quand nous
marchons sans la croix, quand on construit sans la croix et quand nous
confessons le Christ sans croix, nous ne sommes pas les disciples du Seigneur
mais des serviteurs de ce monde. Nous sommes des évêques et des prêtres, des
cardinaux et des papes, mais pas les disciples du Seigneur ! Je voudrais
qu’après ces jours de grâce nous ayons tous le courage, simplement le courage,
de marcher en présence du Seigneur, avec la croix du Seigneur, d’édifier
l’Église sur le sang du Seigneur, qui est a été versé sur la croix, et de confesser
la gloire du Christ crucifié. Ainsi seulement l’Église ira de l’avant. J’espère
pour chacun d’entre nous que l’action de l’Esprit, la prière de Marie, notre
Mère, nous accorde cette grâce de marche, de construire et de confesser Jésus,
le Christ crucifié. »
Lisons maintenant avec le texte de Mgr Fellay :
"A quoi sert-il de se dévouer pour les hommes si on
leur cache l’essentiel, le but et le sens de leur vie, et la gravité du péché
qui les en détourne ? La charité pour les pauvres, les plus démunis, les
infirmes, les malades, a toujours été un vrai souci pour l’Eglise, et il ne
faut pas s’en dispenser, mais si cela se réduit à de la pure philanthropie et à
de l’anthropocentrisme, alors l’Eglise ne remplit plus sa mission, elle ne
conduit plus les âmes à Dieu, ce qui ne peut se faire réellement que par les
moyens surnaturels, la foi, l’espérance, la charité, la grâce. Et donc par la
dénonciation de tout ce qui s’y oppose : les erreurs contre la foi et contre la
morale. Car si, faute de cette dénonciation, les hommes pèchent, ils se damnent
pour l’éternité. La raison d’être de l’Eglise est de les sauver et de leur
faire éviter le malheur de leur perte éternelle. Bien évidemment, cela ne saurait plaire au monde, qui se
retourne alors contre l’Eglise, souvent avec violence, comme nous le montre
l’histoire."
N’y trouvons-nous pas de grandes similitudes ? N’est-ce pas
un semblant de copier-coller du sermon du pape du 14 mars 2013 ? Alors
s’agit-il vraiment d’une « critique très modérée » ou d’un éloge voilé de la
première homélie du pape François ? Nous pouvons honnêtement nous poser la
question !
Concernant le paragraphe qui traite du nouveau sens que
veulent donner les Supérieurs de la Fraternité au mot conversion, voici, pour
compléter et appuyer votre excellente analyse, un passage d’une interview de l’abbé Rostand, en décembre 2012, par l’Angélus Press.
Angelus Press : Pourquoi alors la Fraternité parlait de la conversion
de Rome.
Abbé Rostand : Je pense que c'est une question de prudence.
Le Chapitre Général a discuté pendant longtemps sur ce que nous entendons par
une conversion de Rome. Bien, je pense que cela signifie essentiellement que la
Tradition serait assez appuyée pour poursuivre sa croissance et pour être en
mesure de continuer à travailler."
Comme on peut donc le constater grâce à ces propos de l’abbé
Rostand, supérieur du District des Etats-Unis, les Supérieurs de la Fraternité
travaillent depuis des mois à changer le sens et la définition des mots.
Jusqu’au désastreux chapitre de juillet 2012 « la conversion
de Rome » ne signifiait qu'une chose et qu'une seule dans un langage qui n'est
pas ambigu : le retour de Rome et de la hiérarchie ecclésiastique actuelle à la
croyance, à la pratique et à la soumission à la religion catholique et à
l'ensemble de ses doctrines. D'ailleurs c'est ainsi que Mgr Lefebvre et toute
la Tradition derrière lui l'entendaient jusqu'à ce printemps, d’où le principe
: « Pas d’accord pratique sans accord doctrinal » ! Et c’était la vertu de
prudence qui se trouvait soumise au principe !
Depuis le chapitre de juillet 2012, «la conversion de Rome» n’est plus un principe immuable mais une condition à la définition fluctuante,
fausse et trompeuse, soumise à la vertu de prudence. Voilà là une véritable
révolution linguistique ! Une «véritable inversion des valeurs»!
En conclusion, voilà quelques autres raisons qui nous
empêchent de considérer cette lettre comme une lettre ferme malgré les très
belles citations de Mgr Lefebvre et qui nous commandent de continuer à nous
méfier des actuels supérieurs de la Fraternité tant que les résistants à
l’actuelle politique de ralliement ne seront pas réhabilités et qu’un véritable
texte dénonçant la déclaration doctrinale d’avril 2012 et le désastreux
chapitre de juillet 2012 ne sortira pas des officines de Menzingen.