Répondant au communiqué du R.P. Bouchacourt, le monastère de la
Sainte Croix déclare qu’il en a appelé au Révérend Richard Williamson parce qu’il
le considère comme un digne défenseur de la foi catholique, en mesure de
confirmer la foi, non seulement des moines du monastère de Saint- Cruz, mais
aussi des communautés religieuses et des fidèles qui voient avec une grande inquiétude
la politique désastreuse des accords pratiques avec Rome avant que Rome ne se
convertisse de ses erreurs libérales et modernistes.
Pourquoi les Capucins, les Dominicains et aussi les Bénédictins
de Bellaigue eurent leurs candidats éloignés ou menacés d'être écartés de la
réception de l'ordre sacerdotal si ce n'est pour cause de leur opposition à la
politique des accords ? Et c’est ce qui s'est passé quand Rome ne voulait plus
des accords, du moins pour l'instant.
C’est manquer à la vérité que de taire les véritables raisons de
ce que nous vivons. Pourquoi a-t-il été demandé à Mgr Williamson de fermer ses
«Commentaires Eleison» si ce n'est à
cause de la doctrine ainsi exposée ? Pourquoi Mgr Tissier de Mallerais a dû
interrompre ses prédications si ce n'est pas parce que celles-ci étaient contre
cette même politique? Pourquoi le Père Koller a été menacé de sanctions s'il ce
n'est parce qu'il prêchait contre cette même politique? Pourquoi les pères Cardozo,
Chazal, Pfeiffer et d'autres ont été punis ou expulsés si ce n’est en raison de
leur opposition à cette même politique ?
"Attention", avait mis en garde Mgr de Galaretta, il y a quelques
mois :
"Pour le bien de la Fraternité et de la Tradition, on doit fermer
aussi rapidement que possible la "boîte de Pandore" pour éviter le
discrédit et la démolition de l'autorité, les contestations, les discordes et
les divisions, peut-être sans retour."
Et Mgr de Galaretta se demandait quelles seraient ces conditions
requises pour une proposition totalement acceptable, c'est-à-dire pour une
victoire qui ne peut être que doctrinale, parce que dans ce combat tout repose
sur la foi. Et il a répondu en se référant aux textes de Mgr Lefebvre cités dans
son exposé.
Citons l'un de ces textes :
Monseigneur Lefebvre : « Nous
n’avons pas la même façon de concevoir la réconciliation. Le cardinal Ratzinger
la voit dans le sens de nous réduire, de nous ramener à Vatican II. Nous, nous
la voyons comme un retour de Rome à la Tradition. On ne s’entend pas. C’est un
dialogue de sourds. Je ne peux pas beaucoup parler d’avenir, car le mien est
derrière moi. Mais si je vis encore un peu et en supposant que d’ici à un
certain temps Rome fasse un appel, qu’on veuille nous revoir, reprendre langue,
à ce moment-là c’est moi qui poserais les conditions. Je n’accepterai plus
d’être dans la situation où nous nous sommes trouvés lors des colloques. C’est
fini.
Je
poserais la question au plan doctrinal : « Est-ce que vous êtes d’accord avec
les grandes encycliques de tous les papes qui vous ont précédés. Est-ce que
vous êtes d’accord avec Quanta Cura de Pie IX, Immortale Dei, Libertas de Léon
XIII, Pascendi de Pie X, Quas Primas de Pie XI, Humani generis de Pie XII ?
Est-ce que vous êtes en pleine communion avec ces papes et avec leurs
affirmations ? Est-ce que vous acceptez encore le serment antimoderniste ?
Est-ce que vous êtes pour le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ ?
Si vous
n’acceptez pas la doctrine de vos prédécesseurs, il est inutile de parler. Tant
que vous n’aurez pas accepté de réformer le Concile en considérant la doctrine
de ces papes qui vous ont précédés, il n’y a pas de dialogue possible. C’est
inutile. » (Fideliter, n° 66, pp. 12-13).
Conclusion : La Boîte de Pandore n'est pas vraiment fermée, puisque
ce n'est pas en selon la ligne tracée par Mgr Lefebvre.
Mais sans doute le P. Bouchacourt dira que, au contraire, le
Chapitre général a tout résolu. Tout est en ordre parfait. Malheureusement, ce
n'est pas la vérité. Le Chapitre général a maintenu l’objectif des accords sur
une base différente de celle indiquée auparavant par Mgr Marcel Lefebvre. Lisez
les Commentaires Eleison de Mgr
Williamson sur les six conditions et vous verrez que les résolutions du
Chapitre général sont insuffisantes et différentes de celles de Mgr Lefebvre.
D'autres diront : Qu’avez-vous à voir avec cela ? J'ai à
voir, parce que la foi est un bien commun de l'Eglise et que j'appartiens à l'Eglise,
et j'ai de plus des responsabilités en lien avec les moines de la Sainte Croix
et les fidèles qui nous accordent leur confiance.
D'autres encore diront : l’obéissance transfère les
responsabilités aux supérieurs et en obéissant, personne ne se trompe.
Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Ainsi, la
plupart des évêques ont accepté le Concile Vatican.
Ils me diront aussi : Vous contribuez à la division de la
Tradition. Je réponds que l’unité doit se faire sur la vérité, c'est-à dire sur
la foi catholique ; et les mots et les attitudes de Mgr Fellay ne sont
malheureusement pas ceux d’un disciple de Mgr Lefebvre, lequel a défendu la
vérité sans compromis. Pourquoi faire taire Mgr Williamson et Mgr Tissier de
Mallerais ? Lisez la lettre des trois évêques à Mgr Fellay et à ses assistants,
et vous y trouverez les raisons du combat de la Tradition et les raisons de
notre attitude.
Corçâo ne cessait de répéter que la fausse notion de la charité
et de l'unité faisait des ravages profonds dans la résistance catholique.
Lorsque la charité se sépare de la vérité, la charité cesse d'être charité.
Beaucoup, même parmi ses amis, l’ont accusé de manquer de charité à cause de
ses articles. Mais la première charité est de dire la vérité. Corçâo était de ceux
qui avaient raison, comme les faits l’ont montré. La même accusation a été
portée contre Mgr Lefebvre.
Quant à l'unité, Corçâo disait avec humour que l'expérience lui
avait appris que, contrairement à l'adage populaire «l'union fait la force», il
avait malheureusement constaté que l'union souvent fait la faiblesse. Pourquoi ?
Parce qu'une unité loin de la la vérité, une union faite de concessions, une union
qui sacrifie la foi est une faiblesse qui «rend faible les gens forts».
N'était-ce pas précisément ce qui s'est passé au Concile Vatican II ? Par souci
d'unité avec Paul VI, de nombreux évêques ont fini par signer des documents
inacceptables. L’unité ne fait pas la force, mais le contraire.
Maintenant, dans la Tradition, ils veulent que nous soyons
d’accord à n’importe quel prix avec ceux qui croient que les erreurs du Concile
ne sont pas si graves, avec ceux qui croient que 95% du Conseil sont acceptables,
que la liberté religieuse de Dignitatis
Humanae est très limitée, qu’il ne faut pas faire des erreurs du Concile
des super-hérésies. Mais ceci n'est pas la vérité. Le Concile a été la plus
grande catastrophe de l'histoire de l'Eglise depuis sa fondation, comme disait Mgr
Lefebvre dans son livre Du libéralisme à
l'apostasie. S’il s’agit de nous unir sur ces bases, je préfère m'abstenir
et travailler à la restauration intégrale de la foi catholique comme Mgr Marcel
Lefebvre nous conseillait et exhortait toujours, en espérant que la Fraternité
retrouve à nouveau cette foi, comme j’espère qu’elle l’a, puisqu’elle a les
moyens pour elle et a d'excellents évêques et prêtres.
Quant à l'accusation de ce que j’ai trompé les fidèles, donnant
la fausse impression que Mgr Williamson a été invité avec toutes les permissions
de Mgr Fellay, je peux affirmer que je ne cache à personne, depuis très longtemps,
notre opposition à la politique de Mgr Fellay, et bien que le peuple brésilien
soit un peu naïf, je ne crois pas qu'il le soit autant que le pense le Père Bouchacourt.
C'est le contraire qui est vrai. Qui ne sait pas que Mgr Williamson est mal vu
dans Menzingen ? Mais il est bien vu ici, parce que l'obéissance est une vertu
soumise aux vertus principales, et surtout à la foi, l'espérance et la charité.
Faire de l'obéissance une arme pour paralyser la tradition est répéter le
coup de maître de Satan, comme disait Mgr Lefebvre, coup de maître qui a mis
toute l'Église dans la désobéissance à sa propre tradition par l'obéissance.
Nous ne le ferons pas.
Qu’ils disent ce qu’ils veulent. Il y a un problème, et ce
problème est de foi et est grave. Quant à nous, notre position est prise : à
savoir soutenir les défenseurs de la foi comme l'ont fait Mgr Lefebvre, Mgr
Antonio de Castro Mayer, Saint-Pie X et toute la tradition de l'Eglise. Si nous
avons à souffrir à cause de cela, nous souffrirons, comme notre Seigneur nous a
avertis : «Celui qui veut vivre pieusement en Jésus-Christ sera persécuté» (2
Tm 3, 12.).
Quant à la Fraternité, nous la considérons comme une œuvre providentielle
fondée par un évêque qui s’est élevé au plus haut degré de l’héroïsme dans les
vertus les plus difficiles, qui sont celles pour lesquelles Dieu a créé les
dons de sagesse, intelligence, conseil, force, la science, la piété et la
crainte de Dieu. Nous considérons Monseigneur Lefebvre comme une lumière qui
brille dans les ténèbres du monde moderne, et la Fraternité est son œuvre et
son héritière, mais à condition de rester fidèle à la grâce reçue. Nous prions
pour elle, et si nous nous opposons à la politique de Mgr Fellay, ce n’est pas
par un désir hostile contre la Fraternité, mais par amour pour elle et pour Mgr
Fellay, comme nous aimons la sainte Église et par amour pour elle nous
combattons le libéralisme et le modernisme de ses ennemis qui se sont installés
à l'intérieur. Que Dieu bénisse et garde la Fraternité Saint-Pie X, à laquelle je
dois le meilleur de ce j’ai reçu, tant en ce qui concerne la foi et que la
prêtrise, que j'ai reçue des mains Son Excellence Mgr Marcel Lefebvre.
Dom Thomas d'Aquin
8 septembre 2012
Nativité de Notre-Dame